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Pousser une porte...

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Message par Aylees Lun 27 Mai - 14:39

Noir...

J'avais beau fouiller du regard la pièce qui m'entourait, je ne voyais rien. Il y avait de cela une heure, mon père m'avait jetée au fond de la cave, et avait empilé sur moi un tas de couverture et de sac qui nous servait d'ordinaire pour ramasser nos cultures. L'odeur de pomme de terre pourrie m'emplissait les narines, renforcé par l'odeur de suie et de sueur qui coulais le long de mon visage. Les flammes, bien que n'ayant pas encore pénétré mon abri, avaient d'ores et déjà pourlêché les pierres de la maison et en avaient fait un véritable four. L'enfer devait bien donner une impression de ce genre.

La chaleur.
L'odeur de chair brûlée, de pleurs et de sang.

Les Adorateurs de Lok avaient surgi un soir. Rien ne laissait présager sa venu. Nous finissions nos travaux journaliers. Nous n'étions pas spécialement riche. Nous ne savions que très peu nous battre.
Mon père, un ancien maitre escrimeur, avait perdu une main lors de la dernière guerre, et ne pouvais guère plus que m'apprendre les bases du combat à la pointe de la lame. Alors que durant des heures j'avais rêvé qu'il me laisse flâner, je rêvais maintenant à toutes ces techniques. L'estoc, le fendu, les anciennes écoles, je rêvais de maitriser tout cela aujourd'hui.

Je voulais me venger. Je voulais me battre. Je voulais...Vivre.

Des heures durant, les Mercenaires Noirs avaient battus nos champs, tués nos hommes, égorgés nos femmes et nos enfants. Le sang imprégnait la Terre, qui plus jamais ne pourrait porter de cultures. Les cris me transperçaient les oreilles, les pleurs, les appels à l'aide, les hurlements de terreur. Et les cris d'agonie.
Ils avaient pillés, tués pour le plaisir, massacrés pour Velik seule sait quelle raison.

Et puis tout à cessé d'un coup.
Les cris ont cessé. Le feu a cessé. Les pleurs ont cessé. La Vie a cessé. Et la maison s'est écroulée, emportant avec elle la cave et l'endroit où je me terrais. J'avais alors 10 ans.

Froid...

La neige étends sur mon corps inanimé une fine couche de milliers de flocons. Je tente de remuer un doigt, sans y parvenir. Je ne sens déjà plus mes jambes.

Comment en suis-je arrivé là?
Mon dernier souvenir est la chaleur mortelle des flammes répandues sur le village par les Mercenaires Noirs. La cendre qui me tombait dessus, recouvrant mon visage, et qui y restait collé à cause de la sueur. Et puis le noir, complet, intangible. Interminable et insensible à mes peurs d'enfant.
Et puis d'un coup, ça. Le blanc de la neige. Le froid mordant de ses attaques. Et mes membres immobiles. Mes yeux me brûlent, le soleil se reflétant sur la couche neigeuse. Je ne sais plus où j'en suis.
C'est à cet instant qu'une ombre s'étendit sur moi. D'abord minuscule, elle enfla, enfla jusqu'à recouvrir mon buste, puis mes jambes, et enfin mon corps tout entier. Une voix à l'âge indéfinissable se fit alors entendre.

-Aylees.

Je ne pouvais desceller mes lèvres pour répondre. Je voulais pouvoir crier, signaler que j'étais en vie, que l'espoir ne m'avait pas abandonné.

-Aylees. Réponds moi, Fille des Flammes.

Une chaleur se répandait de nouveau en moi, depuis les tréfonds de mon estomac. Je la sentait grandir, courir le long de mes veines. Je sentais chacune de mes cellules, chaque parcelle de mon corps qui répondait à cet appel de la voix.

-Fille des Flammes, ton temps n'est pas encore venu. Tu est morte dévorée par la peur et la douleur, suffoquant, effrayée, tu as souhaité de toute ton âme avoir la chance de prendre ta revanche, la force de mener ta vengeance. La sagesse de vouloir vivre, plus que tout.

Mes lèvres commencaient peu à peu à se relâcher. J'avalais goulûment une grande bouffée d'air gelé, qui me dévore de l'intérieur. Respirer me fait un mal de chien.

-Aylees, tu dois me donner ta confiance. Tu dois me prouver ton envie de vivre. Tu dois vaincre tout ce qui t'écrase. Tu dois devenir une arme, comme celle que tu rêves de maitriser.

Enfin, une digue cède en moi. Un flocon tombe sur ma joue, et on dirait qu'une larme coule le long de mon visage, puis une seconde, vraie cette fois, tandis que je respire à pleins poumons cet air pur et mordant. Je sens la force monter en moi.
Je veux maîtriser cette force. Je veux apprendre à attaquer, à défendre, à vaincre.

-Je...

-Oui?

-Je...Suis là.

-Continue, me poussa la voix.

J'avalais doucement un flocon qui venait de s'écraser sur ma langue, encore gonflée et sèche. Je déglutissais avec difficulté. Chaque geste, même minime, était une souffrance infinie, mais instigatrice en moi d'une envie de vivre irresistible.

-Je suis là pour survivre. Pour apprendre. ET POUR VAINCRE.

L'ombre devenait plus sombre encore, tandis qu'une grande femme se présenta à mes yeux. Elle était d'une beauté infinie. Elle tenait dans ses mains une épée, infiniment polie et donnant une impression de puissance maitrisée.

-Dans ce cas, mon enfant, je suis là pour t'aider. Mon nom est Velik, et je vais t'apprendre à vivre selon tes propres principes.

Peur...

Velik claqua des doigts et je ne vis plus rien. Je commençais à paniquer. L'air glacé continuait à entrer dans mes poumons, mordant, mais mes yeux ne me montraient aucune lumière. Le noir le plus complet.

-Je ne vois plus rien!

Velik posa une main sur mon épaule. Calme. Reposante. Rassurante.

-Calme toi, mon enfant. Avant de commencer à apprendre à maitriser la force en toi, tu dois commencer par vaincre tes peurs. Le noir en fait parti.

Déjà je sentais la frayeur revenir en moi. Les relents de morts véhiculés pendant que je me cachais sous mon tas de couvertures, la poussière s'envolant lorsque la maison s'était écroulé.
Les peurs que tous les enfants connaissent, tôt ou tard. Les démons se remettaient à danser devant mes yeux. Ils tendaient vers mois des mains griffues, décharnées. Leurs cages thoraciques étaient enfoncées, et ils avaient sur leur visage un masque en forme de tête de loup. Je santais qu'on mettait une arme dans ma main. Elle était lourde, mais la fraicheur de la lame me ramèna un peu à la raison.

Le pouvoir coula le long de mes veines, et se déversa dans l'épée. Je sentis qu'elle se mettait à chauffer, et que le métal devenait instable.

J'abattis la lame de toute mes forces, et une langue de flammes s'échappa de la pointe. Puis une seconde, une troisième. En un instant, je me retrouvais au coeur d'un dôme de flammes, parcouru par de petits animaux de feu. La plupart ont des apparences de renards, mais j'aperçois aussi un lynx et un loup. Les démons se tordirent de douleurs, et leurs mains décharnées s'enflammèrent, comme dans le cas des combustions spontanées. Ils disparurent dans un souffle de vent.

La vue me revint tandis que Velik applaudissait.

-Bien, enfant. Tu viens d'apprendre le premier sort des Pourfendeurs. Utilise le lorsque tu connaitras la peur et que tu seras encerclés. Et n'oublie

jamais. La peur permet de libérer des forces dont on ne se croirait même pas capable. Tu viens de lire le mana et de l'employer avec brio. Passons à l'exercice suivant.

Je posais un genoux au sol. Je me sens exténué.

-Pas tout de suite...Je suis épuisée.

-Ne crois pas être ici pour t'amuser. Tu as des années à rattraper. Regarde toi. A ton âge, tu devrais déjà maîtriser ces arcanes si simples.

Je m'étonnais. Je n'avais que 10 ans après tout, et les maîtres épéistes ont tous la trentaine passé. Mon regard se posa alors sur mes mains, et elles me paraissaient étrangement longues. Tout comme mes bras, plus musculeux que dans mon souvenir. Je m'approchais d'un bouclier que la déesse me tendais et plongeais mon regard dedans. J'avais plus de 20 ans!

-Comment est-ce possible?

-Tu es mort, enfant. Le temps n'a pas de prise normal sur toi. Tu à vieilli extrêmement vite, le temps que nous te retrouvions en Mejingard, terre des

défunts.

-Et mes cheveux sont...Blancs?

-Tu as traversé bien des épreuves en peu de temps. Estime-toi heureuse que cela soit la seule trace physique qu'il te reste. Mais reprenons. Mange ceci.

Elle me tendit une pomme de pin.

-Euh..Je ne voudrais pas paraître désagréable, mais je ne suis pas une sauvage. Je ne mange pas de pomme de pin...

Devant le regard courroucé de la déesse, j'arrachais la peau dure et mordais dans le coeur. Il était doux et étonnament sucré.

-Il s'agit d'une graine de Sylva, les premières plantes de vie. Apprends à les respecter et elles t'apporteront force et vitalité.

Une fois la graîne terminée, la déesse frappa dans ses mains, et une mer de feu s'ouvrit devant moi. Des monstres en jaillirent, m'encerclant et menaçant de me submerger.

-Utilise ta cervelle!

Ne sachant pas quoi faire d'autre, j'empoignais fermement mon épée et me jettais dans la mêlée. Etrangement, ma lame semblais savoir d'elle-même ce qu'elle devait faire: je fendais, brisais des os, découpais les chairs, et les monstres disparaissaient en fumée.

-Tu as vaincu ton deuxième ennemi. Tu as maitrisé les bases. mais prends garde. Le chemin est encore très long. Et tu n'as encore rien vu des difficultés

qui t'attende, Fille des Flammes.

C'est ainsi que commença mon apprentissage.

-Arrête! Personne n'a jamais eu d'histoire comme ça!

Aylees regarda alentours. Les gens de la guilde Celestia s'étaient assemblés autour d'elle pour écouter son histoire. Elle voyait entre autre Elvynna, la sorcière, fatalk0lo, que tout le monde appelait Fatal, Ydragoz, son aîné dans le maniement de l'espadon, et bien d'autre.

-Mouais. Une histoire n'est rien si on ne l'embellit pas un peu, souligna la jeune femme.

Lacieee se plaça derrière elle, une main sur chaque épaule. Elle était le Maître, celle qui avait fondé Celestia, la Guilde qui l'avait recueilli peu de temps auparavant. Cette Guilde où elle avait trouvé aide et soutient, conseil et amitié, simplement en poussant une porte, au hasard.

-Tu ne devrais pas raconter cette histoire comme ça, Aylees.

-Je sais, Lacieee. Ne t'inquiètes pas, je ne le ferais plus. Bon, et si j'allais en mission un peu?

Elle se releva et jeta son espadon sur son dos. Le Trancheur d'Os.

-En attendant de retrouver la Lame de Velik, dit-elle avec un clin d'oeil.

Puis elle sortit de la Guilde pour aller chasser, tandis que les conversations reprenaient de plus belle. Elle jetta un oeil sur ses mains, enleva son gant de cuir pourpre et frotta la longue cicatrice en forme de flamme qui s'élevait de son poignet jusqu'à son coude. Elle continuait à la brûler.

-En effet. Personne n'a connu d'histoire comme ça...

Puis elle s'enfonça dans la brume.

Aylees
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